Revue de Presse

 

Libération Samedi 21 septembre 2002

Un prof viré : l'Éducation nationale sévère et injuste Le ministère a prononcé une radiation à vie pour une fraude peu évidente à l'agrégation. Par Alain AUFFRAY samedi 21 septembre 2002 imprimer l'article envoyer l'article articles les plus envoyés En radiant Martin Nolot, le ministère a prononcé une sanction que la commission de discipline n'avait même pas envisagée. lundi, les enseignants du collège de Parmain (Val-d'Oise) seront en grève pour protester contre la «radiation à vie» de leur collègue Martin Nolot, professeur de mathématiques. Une commission disciplinaire l'a reconnu coupable de «fraude caractérisée» pendant l'épreuve orale du concours interne d'agrégation. Le ministère a estimé que ce tricheur devait être définitivement interdit d'enseigner. La radiation est la condamnation la plus grave qui puisse être prononcée contre un fonctionnaire. L'Éducation nationale n'y a que rarement recours et elle sanctionne le plus souvent des faits très graves, en général passibles d'une sanction pénale : affaires de moeurs, violence contre élève ou encore négationnisme. Dans le cas de Martin Nolot, la faute est incontestablement moins grave. Il lui est reproché d'avoir utilisé pendant le concours un document interdit. Il jure qu'il ignorait cet interdit. Ses collègues le croient sincère. Et ils ont été stupéfaits de la rapidité avec laquelle ce professeur apprécié de ses élèves a été mis à la porte. Surprise. Reçu en 2000 au Capes de mathémati ques, et nommé au collège de Parmain comme titulaire, Martin Nolot avait entrepris, tout en assurant ses cours, de préparer l'agrégation avec le Centre national d'enseignement à distance (Cned). En avril, pour les oraux du concours, le candidat a tiré un sujet au sort, avant de s'isoler pour préparer son passage devant le jury. Dans le cadre de cette préparation, le règlement du concours précise qu'il a droit à des «ouvrages publics» portant un numéro d'ISBN (International Standard Book Number, constitué de 10 caractères identifiant le pays, l'éditeur et le titre). Ce jour-là, Martin Nolot a utilisé un document du Cned, un polycopié sans ISBN. Il fera valoir, pour sa défense, que l'information sur les documents autorisés n'est pas clairement donnée aux candidats présentés par le Cned. La fraude a été constatée par une autre candidate qui l'a signalée au président du jury. Le 9 juillet, Martin Nolot était convoqué à Versailles devant la commission disciplinaire char gée de donner un avis au ministre. Composée pour moitié de représentants de l'administration et de syndicalistes, cette commission a délibéré pendant plusieurs heures avant de se prononcer pour une suspension de deux ans. Deux semaines plus tard, le professeur de mathémati ques a reçu à son domicile une lettre recommandée l'informant de sa révocation définitive. A la grande surprise des connaisseurs des procédures disciplinaires, le ministère a prononcé une sanction que la commission n'avait même pas envisagée. Depuis, Martin Nolot se retrouve donc sans salaire, sans indemnité chômage. Pour expliquer l'extrême sévérité de la sanction, ses défenseurs pensent que Nolot paye l'exaspération du ministère, confronté au début de l'été à de nombreux ratés dans l'organisation des concours. Recours. Bousculée par des étudiants qui brandissent des menaces de recours dès lors qu'un incident perturbe un concours, l'Education nationale a dû en annuler une demi-douzaine. Le dernier en date était le concours de recrutement de professeurs des écoles en Ile-de-France, le plus gros concours de l'Education nationale avec 14 000 candidats. Motif : le sujet de français avait déjà été proposé, à titre d'entraînement, aux candidats préparés par le Cned.

Edition du journal télévisé de France3 Ile De France -

Edition du lundi 23 septembre journal de 19 Heures - Sujet complet de 90 secondes avec reportage chez Martin Nolot, vue du Collège déserté, manifestation des profs devant le 34 rue de Chateaudun, Interview de professeur.

 

Le Parisien Libéré - édition Val d'Oise du mardi 24 septembre 2002

Parmain Les profs en grève défendent leur collègue révoqué HIER, les enseignants du collège les Coutures, à Parmain, n'ont pas assuré leurs cours pour marquer leur soutien à leur collègue de mathématiques, Martin Nolot, révoqué à vie pour « fraude à un concours public ». Soutenus par des parents et des élèves qui ont fait circuler des pétitions, ils ont pris le train en gare de Valmondois pour se rendre au ministère de l'Education nationale. L'affaire a commencé lorsque ce prof de mathématiques s'est présenté aux épreuves de l'agrégation. Il les avait préparées par correspondance et a utilisé des documents qu'il « pensait autorisés ». Le règlement fourni par le Centre national d'enseignement à distance (Cned) précise en effet que l'on peut avoir recours « aux ouvrages de son choix, disponibles sur place, dans la mesure où ils sont vendus en librairie ». Or Martin Nolot a utilisé, « sans le savoir », des documents non disponibles chez les libraires. « J'ai lu le règlement lors de mon inscription il y a deux ans, explique l'enseignant. Cette information est ambiguë. Si elle avait été notée plus clairement, je l'aurais sans doute mieux enregistrée, assure-t-il. Et par correspondance, j'ai été moins bien informé que ceux qui ont suivi des formations collectives, où le bouche-à-oreille fonctionne bien », s'excuse-t-il. Dénoncé par d'autres candidats, Martin Nolot est passé en commission de discipline. Celle-ci a émis une proposition de sanction et l'a transmise au ministère. A 21 voix contre 17, elle a préconisé deux ans de suspension. Le ministère de l'Education Nationale a eu la main beaucoup plus lourde : il a prononcé sa révocation définitive le 26 juillet dernier. « Nous avons tous eu connaissance de fautes bien plus graves, qui ont été punies par des sanctions bien moins lourdes », s'indignent ses collègues qui ont obtenu hier une entrevue au ministère. Reçus en compagnie de Martin Nolot par l'adjoint du directeur du personnel enseignant qui a signé la révocation, les enseignants ont obtenu qu'un nouveau dossier soit déposé auprès de la commission de recours du Conseil supérieur de la fonction publique qui donnera un avis consultatif. Et c'est à nouveau le ministère qui tranchera en dernier ressort. Le ministère va réexaminer son dossier L'espoir renaît donc pour ce père de deux enfants de 7 et 15 ans qui se retrouve sans emploi ni revenu. Au-delà des difficultés matérielles, Martin Nolot ne digère pas l'injustice dont il s'estime victime. « Je suis considéré comme tricheur mais je ne l'ai pas fait intentionnellement, soutient-il. J'ai utilisé ces documents sans m'en cacher. » « Il s'agit d'une fraude caractérisée, rétorque-t-on à l'inspection d'académie du Val-d'Oise. On ne peut pas se prévaloir d'être enseignant et se rendre coupable d'une telle faute. » GARE DE VALMONDOIS, HIER APRÈS-MIDI. En grève, les enseignants du collège de Parmain ont pris le train pour se rendre au ministère de l'Education nationale, à Paris. Ils ont obtenu que le cas de leur collègue de mathématiques (à droite), radié pour fraude à l'agrégation, soit réexaminé.

Aurélie Foulon avec Olivier Sureau

Les problèmes du CNED d'après ls site Internet "luttes-etudiantes.com"

 

Le 28 mai dernier, Luc Ferry annonçait après plusieurs jours de polémique l'annulation pour l'Île-de-France de l'épreuve de français du concours des instits, le CERPE (Concours Externe de Recrutement des Professeurs des Ecoles). Concernés par cette annulation : quelques 14 000 candidats, à qui on a gentiment dit de revenir plus tard plancher à nouveau. C'est ainsi la cinquième épreuve (!!!) annulée depuis à peine le début de cette année... Une désastreuse loi des séries qui soulève à juste titre pas mal d'interrogations et de coups de gueule. Et qui a amené Ferry a prendre des mesures radicales en réclamant audacieusement un rapport sur le sujet. Il risque de ne pas être déçu. Car si les causes de ces annulations ont pu échapper à la responsabilité du ministère de l'éducation nationale (on se souvient d'une problème lié à une panne de RER pour le CAPES d'histoire-géo), ce ne fut pas le cas cette fois-ci ou pour les autres incidents : erreur d'énoncé pour l'agreg de interne de lettres modernes, vol d'un paquet de copies pour le CAPES de lettres modernes et le pompon d'or décerné à l'académie de Rennes, avec lson inénarrable oubli des feuilles de papier millimétré dans une épreuve où elles étaient indispensables, déjà pour un concours de professeur des écoles. Alors que s'est-il passé ce coup-ci ? Intrusion d'alligators dévoreurs de candidats dans les salles d'examen ? Téléportation des sujets par de malveillants extra-terrestres ? La vérité est évidemment plus simple mais aussi plus pathétique. L'un des exercices proposés le 22 mai lors de cette épreuve de français fatidique était en tout point identique à un sujet d'entraînement au concours donné par le CNED (Centre national d'enseignement à distance) au cours de l'année et figurant dans les annales depuis cinq ans. On a bien dit en tout point : la même coquille (le mot chien à la place de lien) se retrouve dans le sujet du concours et dans celui du CNED ! Les étudiants préparés par le Cned se retrouvaient relativement favorisés par rapport aux candidats libres et aux étudiants présentés par les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) -l'exercice en cause comptait tout de même pour huit points sur vingt. Dès la fin du concours, des protestations de toutes parts se sont faites entendre : pétitions et appels à manifester dans les IUFM de Paris, d'Antony, de Cergy et de Bobigny, formateurs de ces instituts menaçant de ne pas corriger les copies, etc. D'abord sourd à ce mouvement de contestation, le ministre et ses conseillers ont fini par redouter une annulation plus tardive par un tribunal administratif, voire même par le Conseil d'Etat, qui les aurait obliger à demander grosso modo à 3000 jeunes profs de revenir à la case départ... Un pari risqué qu'heureusement Ferry n'a pas fait. Mais le mal est fait : la première partie du concours a du être réorganisée à la va-vite, avec une nouvelle épreuve de français qui s'est tenu le 12 juin, ce qui pose de nouveaux problèmes, puisque cette date correspond aux épreuves d'admission dans quelques autres académies. Certains des étudiants qui voulaient tenter le concours dans deux académies, comme les y autorise les textes, ont du faire un choix et voir leurs chances de réussite divisées par deux. Cette annulation n'assurera donc pas une parfaite équité pour tous les candidats. Il aurait fallu pour cela être plus vigilant dans le choix des exercices. Alors, la faute à qui ? Le ministère a vaguement mis en cause le prof chargé de rédiger normalement un exercice original et qui se serait donc contenté d'un malheureux copier-coller. Mais glisse rapidement sur les absences de la commission d'enseignants chargée des sujets, bien apathique, qui a tout laissé passer sans moufter. Et les autres absences du SIEC (Service Interacadémique des Examens et Concours d'Ile-de-France), qui se défend en affirant qu'il n'a les moyens de vérifier que si les sujets ne sont pas déjà tombé lors des précédentes années. Reste à savoir pourquoi ils n'ont pas davantage de moyens pour étendre leurs travaux de contrôle. Une question certainement présente dans l'esprit de tous les candidats des différents concours de l'éducation nationale. Candidats qui désormais vont devoir composer, en plus du stress énorme lié à ce genre d'examen, avec la peur d'un dysfonctionnement entraînant annulation, véritable épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Cet échec en région parisienne ne peut aucun cas être attribué à un simple prof irresponsable, à un seul homme. C'est tout un système qui dévoile ses insuffisances. A l'heure où ces lignes sont écrites, des millions de lycéens passent le bac, premier grade universitaire français. Certes, ce n'est pas un concours. Mais on n'ose pas imaginer ce qu'il adviendrait si un tel examen devait être entaché d'irrégularité dans son fonctionnement cette année. << trouvé sur http://www.luttes-etudiantes.com/actualite/actu.htm

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