ENQUETE AUPRES DES CANDIDATS

par Martin NOLOT

 

 

 

Les mercredi 14 et Vendredi 16 avril 2004, je me suis rendu en compagnie de collègues de l’ADVOCEN au lycée Fénelon où se déroulaient les épreuves orales de l’agrégation interne de mathématiques. Nous avons ainsi pu discuter avec un certain nombre de candidats sur la question délicate des documents autorisés ou non durant cette épreuve. Rappelons d’abord le texte officiel :

 

 « Pendant la préparation, le candidat peut utiliser les ouvrages qui se trouvent sur place (bibliothèque du concours). Il peut également utiliser des ouvrages de référence qu’il a apportés lui-même. Ces ouvrages doivent être imprimés, vendus dans le commerce et ne pas comporter des notes manuscrites…. »

 

(B.O. n° 35 du 27 septembre 1990.)

 

Rappelons également pourquoi je suis tombé dans ce piège : Passant le CAPES interne avec l’aide du CNED, j’ai eu droit pendant l’oral à TOUS LES DOCUMENTS sans exception, y compris ceux fournis par le CNED. L’année suivante, avec l’AGREG, le CNED ne m’a pas informé du point de règlement mentionné ci-dessus. N’étant pas averti, j’ai naturellement pensé que les modalités étaient les mêmes que celles du CAPES. On connaît la suite…

 

Voici donc à présent les résultats du sondage :

 

30 candidats ont été interrogés. A la question : « Comment avez-vous été informés du point de règlement du concours concernant la nature des documents autorisés ? », les candidats ont donné les réponses suivantes :

 

·   13 ont trouvé l’information sur le site Internet du ministère

·   7 par le bouche à oreille

·   5 par le biais de leur formation collective

·   3 ne se rappellent plus

·   1 a été informé sur place

·   1 n’était pas au courant

 

On constate donc que l’information qui a été à l’origine de ma révocation n’est pas donnée par l’administration du concours. Il appartient donc aux candidats de rechercher seuls ce point de règlement fondamental. Comment imaginer un concours dont la première épreuve consiste à en chercher le règlement ! D’autre part, tout le monde ne se trouve pas à égalité devant cette recherche d’information. Un candidat ne disposant pas d’Internet et/ou ne participant pas à une formation collective a peu de chance d’être averti. Et il est naturellement aberrant de découvrir le jour de l’épreuve que les documents que l’on comptait utiliser sont finalement interdits.

 

Interrogeons-nous maintenant sur le fondement de cette interdiction. On a questionné les candidats sur les raisons qui pouvaient la motiver. La réponse, toujours la même, était qu’il fallait éviter les « leçons-type ». L’épreuve consistant à choisir, à partir d’un sujet donné, une liste d’exercices s’y rapportant, il paraît logique d’en interdire les notes manuscrites, qui pourraient permettre de se présenter le jour de l’examen avec pour chaque sujet une liste d’exercices choisis à l’avance, encore que le travail consistant à mettre au point cette synthèse me paraît énorme. De même, certains ouvrages du commerce, collant « de trop près » avec les sujets de l’examen, sont interdits.

 

Cependant, lorsque, étant candidat, j’ai passé l’épreuve, j’ai eu accès aux ouvrages autorisés de la bibliothèque de l’agrégation. Parmi eux se trouvaient des ouvrages contenant des listes d’exercices corrigés en détail. Et lorsque j’ai demandé aux candidats de m’expliquer pourquoi ces ouvrages autorisés n’étaient pas considérés comme un recueil de leçons-type, ABSOLUMENT AUCUN n’a été capable de le faire. En effet, lors de l’épreuve, chacun va à la pêche aux exercices en consultant des manuels qui en proposent. Le temps de préparation étant de 3 heures, chaque candidat a intérêt à ne pas rester trop longtemps à faire cette recherche, car la résolution des exercices demande beaucoup de préparation. Dans les manuels d’exercices corrigés de la bibliothèque de l’agrégation, en supposant que le candidat tombe sur un sujet s’y rapportant, il peut alors se contenter de choisir sans se presser les exercices, puisque tout y est expliqué en détail. Je rappelle que le document du CNED que j’ai utilisé ne comportait que des pistes de résolution sur les exercices proposés, bien loin des solutions détaillées !

 

Par ailleurs, la liste des ouvrages récents vendus dans le commerce et interdits évolue chaque année. Certains manuels apparaissent, d’autres disparaissent, alors que les sujets eux sont toujours les mêmes d’année en année. Comment imaginer que certains livres, interdits une année en tant que recueils de leçons-type, disparaissent l’année suivante ? La faculté d’être un recueil de leçons-type évoluerait-elle au fil du temps ? On se rend bien compte que la notion d’ouvrage autorisé ou interdit repose avant tout sur des critères bien flous et imprécis. On comprend alors pourquoi ce point d’information est si difficile à trouver. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », nous dit Descartes. En le pastichant, ce qui se conçoit mal s’énonce avec difficulté, et c’est bien le cas de cette règle sur les documents autorisés. J’en ai été la victime, et d’autres pourraient l’être également. En effet, malgré ce qui m’est arrivé, l’administration n’a rien changé dans sa façon de procéder. On peut cependant penser qu’après l’audience au tribunal administratif chargé de statuer sur cette affaire, à supposer que l’Education Nationale n’ait pas gain de cause et soit obligée de me verser un dédommagement correspondant aux mois de salaire non versés, peut-être les choses évolueront-elles ?

 

Affaire à suivre…

 

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